Pourquoi les fab labs et les bibliothèques vont-ils si bien ensemble ? En trois mots : Partage – savoir – documentation.
Sur le thème « Bibliothèques et fab labs: Mode d’emploi des communs », les participants avait exploré, en septembre dernier, la situation et l’horizon des bibliothèques en regard des communs numériques à travers les questions : Quelles ambitions/attentes/aspirations communes portons-nous avec l’ouverture de ces fab labs en bibliothèques? Qu’est-ce que l’on peut faire en commun concrètement?
Après les échanges, une période de prototypage avait alors permis de faire émerger un projet de collaboration et de partage professionnel que l’on souhaitait mettre en place et expérimenter dès l’automne 2016 au sein du wiki de Fab Labs Québec. Avec Léa-Kim (BAnQ) et Guillaume (Fab Labs Québec), nous avons exploré le wiki et nous avons procédé, comme prévu, à certains aménagements pour soutenir les besoins actuels des bibliothèques en matière de partage, de savoir et de documentation professionnels.
La documentation est un défi presque contre nature que l’on pourrait associer d’emblée au slow movement, et j’aurais même envie d’en parler, dans le contexte qui nous occupe, en termes de slow innovation pour maximiser la tension, tout en la réconciliant, entre ces deux démarches, documenter et innover, aussi co-dépendantes qu’elles semblent se repousser dans la temporalité. Tous ceux qui portent des projets de fab labs connaissent l’importance de la documentation, c’est inscrit dans la charte :
- Quelles sont vos responsabilités ? Connaissances : Contribuer à la documentation et aux connaissances des autres
Et les bibliothécaires le savent mieux que tout autre puisque la documentation est inscrite dans leur code génétique. Pourtant nous sommes tous happés par les mêmes accélérateurs, réels ou imaginaires, qui font beaucoup de fumée, mais qui ne laissent guère de traces. Avant-hier, nous avons mis le pied sur le frein afin de promouvoir une transition solidaire, attentive, diversifiée, responsable et de qualité pour cette vision de la bibliothèque comme atelier. 🙂
L’équipe portant le projet d’espace professionnel s’est rencontrée vendredi le 27 janvier au Musée Dow, merci Communautique pour l’accueil, dans le but de 1) poursuivre le travail d’identification des besoins/expérience usager ; 2) entamer le travail de documentation des personnes, organisations, événements et équipements composant notre nouvel écosystème de mediafablabibliothèques dans le wiki. Huit de ces labs étaient réunis, sous le signe de la bonne humeur et d’un peu de Kombucha, pour pédaler par en arrière afin de mieux avancer.
Le wiki, comme socle documentaire, fonde le réseau social que nous formons déjà sur un réseau d’informations selon le modèle du web sémantique. En traitant systématiquement les données, en liant et structurant l’information, le wiki devient le porte d’entrée, ouverte et durable !, vers nos connaissances collectives ; il supporte les utilisateurs dans la création de nouveaux savoirs.
Suite à ces premières expériences, viendront d’autres jams avec tous les autres mediafablabibliothèques, ou tout simplement les autres fab labs, intéressés à capitaliser les informations concernant ce qui caractérisent et fait l’expertise particulière de chacune de ces initiatives, et puis aussi les activités.
Ma présentation tout à fait subjective des atouts de chacun 😉
- Fab Labs Québec : Les inter-structures, c’est inter-structurant / « Le wiki, c’est comme la saucisse Vegan, plus on en mange, plus c’est frais… »
- Polyfab Normand Brais (Polytechnique, Université de Montréal) : Les fameux tutoriels ! / « Polyfab a reçu un don généreux de 500 000 $ alors nous faisons une petite rénovation. »
- Médialab Ste-Julie (Bibliothèque Ste-Julie) : Marie-Hélène, un exemple de courage et de vision pour toutes les bibliothèques publiques. « Les patenteux, le cercle des fermières et les nouveaux makers, même combat. »
- Medialab de Repen (Bibliothèque de Repentigny) : Un groupe d’ambassadeurs ados / « Notre philosophie, c’est la démocratie directe. »
- Le Square – Banque nationale (BAnQ) : Du bon usage des logiciels libres / « Y a personne qui imprime si y a personne qui écoute ;). »
- BennyFab (Bibliothèque Benny – Bibliothèques de Montréal) : 4 clubs (électronique, robotique, jeux vidéo, imprimante 3D), autogérés par des usagers passionnés « avec des listes d’attente ! »
- Fab lab mobile des BM (central – Bibliothèques de Montréal) : La cocréation mobile / « Est-ce qu’on peut faire le point sur ce qui est vraiment important de réussir et de mettre en commun pour nous ? »
- Fab lab de Brossard (Bibliothèque Georgette-Lepage de Brossard) : 105 mètres carré et une imprimante à crêpe que l’on inaugure lundi le 30 janvier prochain / « Avez-vous une imprimante alimentaire ? »
- échoFab (Communautique) : Le pilier du réseau / « Go, on se prépare pour échoFab durable, Fab lab Nation et Fab City. »
L’exploration des usages et des processus d’implantation des laboratoires de création et de fabrication numérique en bibliothèque au Québec, à travers des démarches de codesign, a été documentée ici.
Pour mémoire, qu’est-ce que documenter ?
L’AFNOR définit la documentation comme l’ensemble des techniques permettant le traitement permanent et systématique de documents ou de données, incluant la collecte, le signalement, l’analyse, le stockage, la recherche, la diffusion de ceux-ci, pour l’information des usagers (Wikipedia)
| Photos par Marie D. Martel, cc-by-sa |




















Près d’une centaine de personnes étaient réunies hier soir, au 


Ma participation à cette conférence m’a permis de découvrir la dynamique internationale des Fab Labs, de mieux saisir les enjeux actuels de la fabrication numérique, de réseauter, d’apprendre sur les initiatives et sur les projets qui se font dans les Fab Labs du monde entier. J’ai pu constater à quel point les Fab Labs sont différents d’un endroit à un autre et qu’ils réussissent merveilleusement à s’adapter à leur réalité locale. Je savais qu’il y avait beaucoup de Fab Labs à travers la planète, on en compte déjà plus de 200 à travers le monde, mais j’ai vraiment été étonné par la diversité et la créativité de l’ensemble des Fab Labs.
Chaque Fab Lab à travers la planète est unique et c’est justement cette diversité qui les rend si innovants. Aux États-Unis, pays où le concept est né, les Fab Labs sont majoritairement situés dans des institutions telles que des écoles, des universités et des musées. On retrouve même le Fab Lab DC, près du fameux Capitol Hill, qui fait la promotion politique des Fab Labs. En Russie, c’est dans les écoles techniques qu’ils sont implantés et Moscou accueille un Fab Labs qui détient plus de 10 millions de dollars d’équipement, il est l’un des plus gros Fab Labs au monde. On voit aussi un intérêt très marqué pour les Fab Labs en Catalogne où la principauté de Catalogne, la ville de Barcelone et l’IAAC (Institute for Advance Architecture) ont comme projet de créer 10 Fab Labs en 10 ans dans la ville de Barcelone. De plus, ils appuient financièrement des projets en Amérique Latine, participant ainsi au déploiement d’un peu plus de 20 projets de Fab Labs, en 2013, sur le continent sud américain. Le Fab Lab Barcelone organisera d’ailleurs la prochaine conférence internationale, le Fab10. Israël aussi m’a beaucoup surpris puisqu’en 2 ans, 4 Fab Labs ont vu le jour et ils projettent d’en ouvrir pas moins d’une vingtaine dans les prochaines années! A peu près tout les Fab Labs mentionnés sont financés soit par des grandes institutions, soit par des fonds public.
Pour l’événement du Fab9, les Fab Labs japonais ont mis leurs équipements en commun et les ont déplacés dans un bâtiment qu’ils ont nommé le super Fab Lab. J’ai été impressionné par la diversité, la quantité et la qualité des outils qui étaient mis à notre disposition pour l’événement. On avait accès à un atelier où on pouvait vraiment fabriquer à peu près n’importe quoi! Plusieurs types d’imprimante 3D étaient disponibles, dont une qu’ils avaient construite eux-mêmes et qui imprimait avec du liquide contenu dans deux seringues. Il y avait une découpeuse fraiseuse CNC grand format et une quantité effarante de découpeuses laser. On avait aussi accès à une belle diversité de composants électroniques et à du matériel de moulage. Pour l’occasion, un t-shirt nous a été donné dans le but de le modifier à notre guise à l’aide de plusieurs machines à coudre à commande numérique, des découpeuses à vinyle et des tissus de toutes sortes. C’était vraiment plaisant de voir tous ces outils en compagnie d’autant de passionnés de l’invention et de la fabrication personnelle. Le soir on nous conviait à venir “fabriquer” notre propre nourriture traditionnelle japonaise au Fab Food et à se concocter soi-même sa boisson au Fab Bar. Nous profitions de ce moment de fin de journée pour partager nos réalités et nos impressions sur la conférence.
Lors du FAB9, j’ai eu l’occasion de visiter quelques Fab Labs japonais. J’ai particulièrement aimé le Fab café où on peut prendre un café et manger un sandwich en se découpant une œuvre ou une pièce au laser. On peut aussi boire une bière en s’imprimant quelque choses en 3D ou modifier son chandail avec l’aide d’une découpeuse à vinyle. Le Fab Lab que j’ai le plus apprécié est le Fab Lab Kamakura qui est situé dans une petit ville qui marie modernité et tradition. Cette ville magnifique contient un très grand nombre de temples Shinto-Bouddhiste et de maisons traditionnelles japonaises. Le Fab Lab Kamakura est situé dans une ancienne brasserie de saké qui date d’un peu plus de 100 ans! Ce qui le démarque des autres Fab Labs est la manière dont ils sont parvenus à marier la maitrise des arts traditionnels japonais et les nouvelles technologies. On retrouve un maître du cuir fabriquant des sandales et des artisans du bois qui conçoivent des chefs-d’œuvre à la découpeuse laser! Ça démontre très bien toute l’importance de revaloriser les techniques ancestrales qui ont évolué au fil des siècles.